Liminaire

Nous nous sommes vus pour la dernière fois dans cette formation en 2018, le 21 décembre très exactement. Nous avions tenu à cette occasion à faire une déclaration solennelle avant de quitter la réunion. Nous y faisions état dans un ordre différent sans doute aux résultats des élections professionnelles, à l'arrivée prochaine du PAS, aux restructurations à venir. Nous y posions un certains nombre de revendications qui restent de pleine actualité le cap de l'année 2018 passé.

 L'une d'entre elle a été satisfaite. S’agissant de la revalorisation du régime indemnitaire des CDC, dont nous avons eu connaissance par des biais détournés et pour laquelle vous n'avez pas trop communiqué au demeurant. Puis la prime de 200 euros, dont nous avons appris l'existence par la presse et pour laquelle nous n'avons aucune information officielle quant aux modalités de son allocation si ce n'est par l'intermédiaire de quelques chefs de service de nos adhérents. L'alignement du régime indemnitaire des agents des CDC sur celui des CIS que Solidaires Finances Publiques revendique depuis l'ouverture du premier CDC, celui de Chartres, est enfin entériné. Nous ne pouvons que nous satisfaire de cette décision qui n'aurait sans doute pas vu le jour sans le prélèvement à la source. Pourtant le sujet des plateformes n'est pas purgé comme ne l'est pas la reconnaissance pécuniaire des efforts accomplis par l'ensemble des personnels de la DGFiP durant ces dix dernières années.

Certains agents (40 000 paraît-il ?) vont cependant percevoir une mirifique prime de 200 euros décidée par la ministre de l'Action et des Comptes publics. Pour Solidaires Finances Publiques, le compte n'y est pas. D'abord, si on se réfère aux déclarations, toujours très attendues, de notre ministre de tutelle, ce sont tous les agents de la DGFiP qui devraient percevoir cette petite gratification en contre-partie d'une « petite surcharge de travail ».

Cela aurait évité l'élaboration laissée à la responsabilité des responsables de services d'une sorte de de recensement limitatif et pour le moins subjectif dont vont être exclus des agents qui pourtant ont participé, participent et participeront encore longtemps à la mise en œuvre du PAS. Élaboration qui n'est pas sans être d'ores-et-déjà problématique et qui génère un certain agacement, voire un agacement certain parmi les agents.

En quelque sorte une mesure de simplification dont vous êtes monsieur le Directeur général si friand d'habitude.

Aussi Solidaires Finances Publiques invite l’ensemble des encadrants responsables à inclure la totalité des agents de leur service à la prime de 200 euros car c’est l’ensemble de la DGFiP qui a au regard des annonces de fin d’année, subi de façon directe ou indirecte une surcharge de travail liée au PAS qui n’a fait l’objet d’aucune reconnaissance. Au contraire du Ministre des exemples ne vous manquent pas.

 Et qui dit grosse surcharge, dit grosse rétribution ! Mais là encore le Ministre ne semble pas se rendre compte de la surcharge induite pour chaque agent de la DGFiP par la mise en œuvre à l'emporte pièce du PAS ...Les agents sont légion, et pour peu d'honneur, à travailler à sa réussite. Et dans la maison à laquelle nous sommes toutes et tous attachés, la réussite n'est elle pas que collective ?

 Cette transition nous permet de revenir un instant ici et de manière plus appuyées que le 21 décembre dernier sur une question que nous considérons comme centrale, d'autant plus centrale dans une période où à l'évidence, la DGFiP est à la croisée de chemins qui apparaissent pour le moins tortueux : celle du dialogue social.

Un petit retour sur les élections professionnelles s'impose . Malgré une chute sensible du taux de participation que nous n’incomberons pas totalement au nouveau mode de scrutin, le fait syndical à la DGFiP est toujours vivace. Les résultats marquent par ailleurs, au-delà de nos commentaires sur le choix d'une partie de l'encadrement et du commandement pour le corporatisme et sur le taux d'abstention important dans les plus basses, sur l'échelle des rémunérations, catégories, le maintien d'un paysage syndical identique à celui qui préexistait.

Les agents continuent donc, malgré tout serions-nous tentés d'écrire, de faire confiance aux organisations syndicales « généralistes » pour défendre leurs intérêts moraux et matériels, mais aussi leurs missions et leurs conditions de travail tout comme le service public. Et ce, malgré la manière dont nous sommes considérés par les pouvoirs publics et par notre propre administration. Nous le répéterons tant qu'il faudra et à tous les niveaux possibles, si vous ne changez pas de paradigme en matière de dialogue social, vous aurez demain face à vous, au mieux des militants syndicaux plus énervés et plus vindicatifs, mais encore responsables, au pire vos propres gilets jaunes , car la colère sociale est plus que latente à la DGFiP désormais .

Nous avions eu le sentiment que vous aviez entendu le message et que vous étiez prêts à faire un effort de ce point de vue. Les épisodes des deux « primes » citées plus haut et plus encore celui de notre entrevue du 9 janvier sont venus doucher nos espérances.

Monsieur Parent, nous ne pouvons que vous reconnaître une vraie franchise quant à vos desseins ainsi qu'une certaine habileté dans leur présentation. L'audience du 9 janvier illustre notre propos.

La lecture, a posteriori, de votre discours devant les numéros 1 le 13 décembre 2018 nous a ramené sur terre en quelque sorte, si tant est que nous avions été frappés de lévitation à l'écoute de vos propos le 9 janvier.

Votre plan tel que décrit sur ce document ne reçoit l'approbation de Solidaires Finances Publiques, même si les objectifs affichés ne peuvent que nous agréer. Nous vous le disons tranquillement, Solidaires Finances Publiques combattra, dans sa forme actuelle et dans l'unité la plus large, ce projet que vous portez avec l'aval du ministre et qui colle parfaitement avec les orientations de CAP 22.

Le climat social à la DGFiP n'est pas aussi serein qu'il n'y paraît et nous ne resterons pas longtemps ce gentil syndicat attaché au service public qui n'a rien tenté pour malmener le grand projet du quinquennat que constitue, aux yeux du gouvernement, la prélèvement à la source.

Déjà se profilent des mobilisations importantes, des départements et des services sont l'arme au pied et attendent un signal national quand d'autres se sont déjà engagés dans la contestation pour réclamer leur dû et pour défendre une certaine idée de leurs missions et du service public.

Vous et le ministre à qui vous parlez souvent pouvez désamorcer une situation qui se crispe de plus en plus. Il vous reste quelques jours en somme  !