Ce CSA de réseau du 16 octobre est le 1er depuis la rentrée : un dialogue social renforcé à l'epreuve des faits.

Liminiare

Monsieur le Président

Le contexte dans lequel s’ouvre ce CSA est d’une violence extrême. Solidaires Finances Publiques condamne avec force et avec la plus grande détermination les crimes de guerre du Hamas en Israël contre des civil·es désarmé·es, y compris des enfants. Rien ne peut justifier de tels crimes.

Depuis le 7 octobre, la Palestine et Israël s’enfoncent dans l’horreur où les civils de chaque camp sont les victimes. Chaque vie compte, celle d’un enfant de Sderot comme celle d’un enfant de Gaza.

Sur notre territoire, l’assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras ainsi que les 2 personnes blessées dans l’enceinte d’un lycée nous mettent dans l’effroi face à cette escalade de la violence. Solidaires Finances Publiques condamne cet acte odieux et apporte sa solidarité envers la famille et les collègues mais aussi envers tous les personnels de l’Éducation Nationale pris pour cible au nom d’un terrorisme religieux. Il y a trois ans, Samuel Paty, était assassiné simplement parce qu’il servait la liberté de pensée et d’enseignement et nous ne pouvons en ce jour de commémoration de sa mort, ne pas saluer sa mémoire et celle de toutes les victimes de toutes les formes d’obscurantisme et de haine.

Notre monde va mal et il y a urgence à déployer tout l’arsenal diplomatique, et à faire appliquer le droit international pour reconstruire un monde de paix, de justice et de solidarités. Plus que jamais les peuples citoyens doivent réaffirmer avec force leur attachement aux libertés, sans jamais transiger face à ceux qui prônent la haine et la division. L’État, au travers de ses services publics, doit être un acteur majeur de cet attachement aux libertés et à l’unité.

Ce CSA se tient également dans un contexte économique et social dégradé avec les sujets :

  • de pouvoir d’achat,
  • de l’explosion des inégalités,
  • d’évolution de la rémunération que certains voudraient conditionner à la seule notion de mérite,
  • d’une nouvelle évolution de la DGFiP à travers la déclinaison du Cadre d’objectifs et de moyens pour les années 2023/2027,
  • d’un sentiment d’abandon des usagers face à un service public qui dans tous les secteurs est en délabrement faute de moyens.

Dans ce contexte, à plus d’un titre anxiogène pour les personnels, de défiance envers les responsables politiques et administratifs, dans ce contexte de perte de repères et de sens face à des réformes passées et récentes qui ont, toutes, exaspéré et épuisé les personnels, est venue s’ajouter en pleine canicule, la gestion du dysfonctionnement de l’application GMBI. Cette dernière a mené les personnels à assurer, une fois encore et certains à raison diront une fois de trop, un service public dégradé dû à un manque de moyens tant humains que budgétaires, à un manque d’anticipation, mais aussi au dogme du numérique de notre administration.

À présent 2 solutions s’offrent à vous : soit faire la politique de l’autruche, soit réparer les dégâts cumulés depuis des années.

Pour Solidaires Finances Publiques, nous sommes bien dans un état d’urgence dans les différents domaines (rémunération, évolutions des missions et des structures, conditions de travail…). Dès lors la Direction Générale a l’obligation de répondre aux alertes multiples officialisées dans différents rapports, comme l’observatoire interne ou l’enquête faite par l’IFOP à la demande du Ministre de l’époque G. Attal mais aussi depuis longtemps par les organisations syndicales.

Ainsi la langue de bois et le renvoi à d’autres responsables ne peuvent plus être acceptés par l’ensemble des personnels.

Le 12 septembre dernier, des négociations se sont ouvertes à la DGFiP pour faire évoluer le régime indemnitaire, augmenter le volume des promotions et améliorer le cadre de vie.

Solidaires Finances Publiques, avec l’ensemble des organisations syndicales représentatives, compte bien que soit enfin reconnu l’engagement professionnel de l’ensemble des personnels qui sont et font la DGFiP. Les réponses à apporter doivent être à la hauteur de leurs attentes. La grève et la mobilisation d’une partie des personnels de la DGFiP le 13 octobre confirment, malgré l’actualité internationale et nationale, la nécessité d’apporter des réponses concrètes pour toutes et tous.

Une autre obligation se présente à vous, celle de la transparence envers vos personnels concernant la déclinaison du Cadre d’objectifs et de moyens. Il s’agira de donner de la lisibilité et de la visibilité aux personnels sur les évolutions des missions de la DGFiP.

Pour Solidaires Finances Publiques, cette exigence est nécessaire pour que chacun et chacune puisse se projeter dans son futur professionnel, retrouve sens dans sa vie professionnelle et puisse s’appuyer sur un collectif de travail soudé.

Aussi, Solidaires Finances Publiques vous demande d’apporter les réponses aux attentes légitimes des personnels. Or, les fiches métiers que vous avez publiées sur Ulysse en date du 9 octobre ne sont pas les réponses qu’attendent les personnels. Il s’agit d’une retranscription du COM par items de missions. Pour Solidaires Finances Publiques, les agent·es attendent du concret.

Ainsi, en matière de gestion de la fiscalité des particuliers, pouvez-vous nous indiquer quel est l’avenir des SIP, quelles sont les missions qui seront dévolues aux agentes et agents ? Au-delà de l’évolution des missions, pouvez-vous nous dire quelles structures pour quelles missions et quelles conséquences en termes de conditions de travail, et d’évolution de l’immobilier ?

En matière de fiscalité professionnelle, le démantèlement se poursuit, cassant les chaînes de travail avec la mise en place des centres de contact professionnels et la suite du déploiement des antennes extra-départementales. Alors comment intégrer le transfert des recettes fiscales des Douanes vers la DGFiP sans moyens suffisants alors que les enjeux budgétaires sont colossaux ? Dans ce domaine, nous avons les mêmes questions : quelle organisation des missions ? Quelle évolution des structures ? Quelles formations pour réaliser nos missions de service public ?

A cela s’ajoute dans la sphère du contrôle fiscal la déclinaison du plan anti-fraude version G. Attal alors que ni le plan précédent, ni la loi ESSOC n’ont fait l’objet d’un bilan sérieux comme nous ne cessons de vous le demander. Comment va s’organiser la mission du CF entre accompagnement des sociétés et des contribuables avec les relances proactives, et lutte contre la fraude, entre les objectifs de la programmation, l’augmentation des listes DM et la volonté d’augmenter le contrôle du patrimoine ? Par ailleurs, certains départements n’hésitent déjà pas à restructurer leurs services de contrôle fiscal sans aucune concertation avec les agents et les agentes, nous sommes très inquiet·es des évolutions du contrôle fiscal dans ces conditions.

Concernant les missions foncières et cadastrales, le développement des outils numériques tels que le foncier innovant, le fiasco GMBI, l’arrivée de la taxe d’urbanisme dans un flou total ont et vont modifier également les chaînes de travail.

Et pour les services de la gestion publique, le COM déroule une nouvelle dégradation des missions avec l’allégement du contrôle hiérarchisé de la dépense, la multiplication des services de la gestion financière et des services de facturation. Sur ce sujet, les maux créent les mêmes interrogations…

Concernant le dossier du recouvrement, ce dossier essentiel mérite tout autant transparence et visibilité. Où en est le projet national de centralisation départemental du recouvrement avec l’applicatif ROC-SP sur les créances des professionnels, des particuliers, puis des produits locaux et amendes.

Quant aux services informatiques, le rattrapage de la dette informatique se fait dans un contexte de sous-emplois, d’externalisation et de nouvelles réorganisations…Nous avons donc les mêmes questions.

Pour les missions transverses, notamment les services RH, la poursuite de l’éloignement des services RH des personnels ne permet pas de rassurer ces derniers.

Enfin la DGFiP ne peut se fixer des objectifs sans donner les moyens aux personnels de faire face aux enjeux tant humains que budgétaires. Malheureusement toutes les orientations affichées ne sont pas de nature à construire les savoirs-faire essentiels pour assurer durablement la haute technicité de la DGFiP.  

Pour conclure sur ce COM 2023/2027 qui voulait donner de la visibilité aux personnels, Solidaires Finances Publiques constate une fois encore que l’exercice de communication est raté.

Monsieur le Président, il est de votre responsabilité et de celle des bureaux métiers d’être clairs et concrets sur les évolutions des missions et des structures, de fournir les fiches d’impacts de ces évolutions (missions, structures, conditions de travail, immobilières) aux représentants et représentantes, notamment dans les formations spécialisées.

Sur le point du classement des postes comptables, Solidaires Finances Publiques ne peut que dénoncer le resserrement des postes comptables. Les encadrants de la catégorie A ont, comme l’ensemble des personnels, besoin de perspectives y compris en termes de carrière et la réponse que vous apportez est l’inverse.

Concernant le point sur les LDG mobilités : lors du GT dédié en septembre, des propositions d’amendements avaient été formulées par Solidaires Finances Publiques et nous constatons que celles reprises restent extrêmement minimes. Solidaires Finances Publiques reviendra sur l’ensemble des propositions qui ont été rejetées comme celles pour les agentes et agents Berkani ou encore le refus de l’application des priorités et critères prioritaires à titre subsidiaire pour les stagiaires.

Concernant la présentation du RSU 2022 : pour Solidaires Finances Publiques le RSU est un outil important pour visualiser un paysage, un contexte, un cadre social directionnel, cependant la somme des données statistiques ne fait pas le printemps de la transparence et nous pouvons regretter l'absence de précisions littérales, de compléments d'informations sur nombre de sujets.

Ceci est la démonstration, que le RSU ne peut avoir un réel intérêt que si nous pouvons nous appesantir sur l'ensemble des chapitres dédiés, avec la possibilité d'obtenir des précisions fines, des éclaircissements, des réponses. Nous pouvons craindre que faute de temps et de moyens cela ne soit pas réellement possible. En l’état actuel, il semble plus être un outil de communication pour la DGFiP qu’un outil du dialogue social.

Le RSU donne une tonalité. Pour l'année 2022 nous regrettons et même dénonçons que l'énonciation des faits marquants pour ce millésime ne mentionne pas, le drame qui a touché la DGFiP avec l'assassinat d'un de nos collègues et la séquestration d’une autre.

Comme nous pouvons regretter que les tensions sociales soient évacuées du champ du bilan, exceptées par le biais de la comptabilisation des jours de grève… À ce stade ce RSU n’a qu’une qualité, celle de confirmer l’état de fragilité de notre direction qui a subi des suppressions d’emplois massives et qui ne tient que par l’extrême engagement professionnel des agentes et des agents.

Solidaires Finances Publiques conclura son propos sur le Règlement intérieur du CSA de réseau et la formation spécialisée qui lui est rattachée. Sans vouloir faire du mauvais état d’esprit mais quel manque de considération pour les représentantes et représentants des personnels et par ricochet pour les personnels qu’ils représentent !

Il est crucial de rappeler que ce RI sert de cadre non seulement pour les instances supérieures mais aussi pour les CSA des directions locales. Nos militants et militantes, qui s'investissent pleinement dans leur fonction, attendent un cadre qui favorise un dialogue serein et constructif. Le RI doit être un outil de gouvernance qui reflète les valeurs et les objectifs de l'administration, tout en respectant les droits et les besoins des agents.

Monsieur le Président, les temps sont préoccupants à plus d’un titre. Si par un dialogue social constructif et ambitieux nous pouvions atténuer le climat anxiogène qui règne, nous pensons que le collectif DGFiP en sortirait grandi.