Entre un contexte budgétaire incertain, une méthode d'allocation des emplois totalement modifiée et un dialogue social galvaudé, Solidaires Finances Publiques a réaffirmé sa détermination à défendre la DGFIP, ses personnels et ses missions.
Déclaration liminaire
Monsieur le Directeur Général Adjoint,
C’est donc le dernier CSAR de 2025. Force est de constater que cette année a été marquante à plus d’un titre.
D’un point de vue international, tout d’abord, dans un contexte qui continue à être marqué par les conflits, les guerres génocidaires visant les populations civiles quelles qu’elles soient. Où la liberté des peuples, leur capacité de décider librement et démocratiquement de leur destin commun est remise en cause.
D’un point de vue environnemental, l’année 2025 est en passe de devenir la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée sur terre, avec des conséquences désastreuses sur la population et la biodiversité. Face à cette situation, la COP30 qui vient de s’achever n’aura, encore une fois, servi à rien ; aucun engagement contraignant pour éliminer les combustibles fossiles ni de calendrier pour répondre à l’urgence climatique. Une fois encore, les intérêts de quelques-uns ont été privilégiés au détriment de l’intérêt général.
En France, l’année aura été marquée par une forte instabilité institutionnelle, une grave crise démocratique, mais aussi sociale. Un terreau de plus en plus favorable à l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite qui, aujourd’hui, a l’aval des plus fortunés, mais aussi d’une grande partie de la droite dite républicaine. Ce résultat est le fruit des politiques menées depuis des décennies et accentuées depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. Politiques qui n’ont eu de cesse d’augmenter les inégalités, la pauvreté et les injustices.
À la DGFiP, l’année 2025 aura été particulièrement marquée par les suicides et les tentatives de suicides de nos collègues, dont le dernier date d’il y a quelques jours. Au-delà de ces drames individuels, touchant de nombreuses familles, c’est l’ensemble de notre collectif qui est meurtri. Nous le répétons, ces actes sont multifactoriels, mais il est de votre responsabilité de faire en sorte que le travail, de quelque façon que ce soit, ne soit pas l’élément déclencheur ou favorisant de tels drames. Sur ce sujet, force est de constater que le plan d’actions que vous proposez est en deçà de ce qu’il faudrait et ne s’attaque pas aux causes réelles du mal-être au travail, en particulier les risques psychosociaux. De votre point de vue, la seule réponse que vous proposez est individuelle. Comme si les restructurations, les réorganisations incessantes et les suppressions massives d’emplois n’avaient aucune incidence sur les collectifs de travail, les conditions de travail et le sens du travail des agentes et agents de la DGFiP.
L’année 2025 aura également été marquée par vos passages en force sur de nombreux sujets, ce qui a eu des conséquences importantes sur les droits et garanties des agentes et agents et aussi sur leurs missions. Cela a notamment été le cas avec les mutations locales des inspectrices et des inspecteurs. Même si les mutations « au choix » ont été présentées aux organisations syndicales, vous n’avez pas écouté leurs critiques et avez, de manière unilatérale, imposé le fil de l’eau. Malgré un retour alarmant du questionnaire que vous avez initié auprès des cadres A et agentes et agents RH, vous persistez, coûte que coûte, sans aucune prise en compte de ce qui remonte du terrain. Selon vous, les insatisfactions seraient dues à une mauvaise pédagogie, à l’incompréhension, et vous vous obstinez ainsi à mettre à mal les droits et garanties des agentes et agents.
Concernant la reconnaissance des qualifications des agentes et des agents des finances publiques, nous vous avons interpellé durant l’été pour solliciter une augmentation du volume de places offertes à l’examen professionnel d’inspecteur des finances publiques. D’ailleurs, ce sujet figure dans le tableau de suivi des engagements. Nous sommes revenus sur ce point le 13 novembre dernier lors de la première concertation directionnelle sur l’égalité professionnelle femme/homme. Il est temps pour nous que la Direction Générale passe des paroles aux actes en répondant favorablement à notre demande sur ce point particulier.
De plus, nous nous permettons de citer un extrait de l’accord collectif relatif au déroulement des carrières et à la promotion des agents de la DGFiP conclu le 2 avril 2024.
Concernant 2026, il est indiqué que le Directeur Général s’engage à porter auprès du Secrétariat Général une demande de relèvement des taux de promotion pour les catégories C et B. L’arrêté concernant les taux de promotion 2026 vient de sortir et ils sont scandaleusement à la baisse par rapport à l’année précédente.
Vous êtes donc sur ce point-là bien loin d’avoir réalisé vos objectifs en termes de reconnaissance des personnels de votre administration.
Le passage en force semble donc être votre mode de gouvernance. C’est aussi le cas sur la restructuration du contrôle fiscal et la disparition des PCE, annoncées lors d’un GT, et qui n’ont pas été abordées dans une instance de dialogue social telle que le CSAR. Cette réforme n’est pas un sujet anodin, et reflète, une fois encore, votre volonté de cloisonner les missions, de rendre les agentes et agents monotâches et, cerise sur le gâteau, d’affaiblir considérablement le contrôle fiscal. Elle entraîne également des conséquences immédiates et à plus long terme sur les services de gestion fiscale et met en exergue, une fois de plus, la latitude de plus en plus grande que vous laissez aux directions locales. Confrontées aux errances passées, chacune doit composer avec son existant et se conformer aux nouvelles lignes directrices. Il en ressort de multiples façons de faire. De fait, en lieu et place d’une réorganisation, nous avons affaire à une véritable désorganisation.
Et que penser de votre nouvelle modalité de pilotage des emplois et des effectifs ? Sur ce sujet aussi, aucun argument des organisations syndicales n’a été entendu. Pire, vous avez essayé de nous convaincre que ceci permettait de prendre en compte les temps partiels, alors que le TAGERFIP le permettait déjà. Cette nouvelle méthode de pilotage, outre le fait qu’elle ne va plus permettre de constater les vacances d’emplois, est surtout et avant tout, un outil de plus qui n’a pour d’autre finalité que de réduire les coûts. Elle permettra de voir si le rapport rémunération/emplois/objectifs est pour vous optimum ou non, et ce en quasi temps réel. Quant à savoir comment rendre un service public de qualité pour toutes et tous sur l’ensemble du territoire, cela n’a que peu d’intérêt pour vous !
Dans la famille « le dialogue social inexistant à la DGFiP », nous avons également la politique immobilière. Afin de connaître les grands projets en cours, nous ne pouvons décidément pas compter sur votre transparence tant au niveau national que local. Et c’est en siégeant dans un GT ministériel que nous avons appris que, sous prétexte d’économies, de gros projets dans l’ensemble des administrations y compris à la DGFiP étaient à l’œuvre. Et pourtant, renseignements pris, aucune annonce n’a été faite localement et encore moins au niveau national…
Et nous ne pouvons terminer ce bilan, sans remercier « toutes les sales connes », à la DGFiP comme partout dans le monde, qui ne cessent d’agir pour l’égalité et contre les violences sexistes et sexuelles.
Comme vous vous en doutez, à Solidaires Finances Publiques, nous ne croyons plus depuis longtemps au père Noël ni à la mère Noël tout comme à vos beaux discours concernant un soit-disant dialogue social constructif. Vos actes, en cette année 2025, prouvent tout le mépris que vous avez des représentantes et représentants du personnel et, au-delà, des agentes et agents de la DGFiP, de nos missions et du service public.
Mais sachez qu’en 2026, que vous le vouliez ou non, les militantes et militants de Solidaires Finances Publiques, sur l’ensemble du territoire, continueront à défendre notre administration face à votre volonté de la détruire ; continueront à se battre pour les droits et garanties des agentes et agents face à vos coups de boutoir ; continueront à lutter pour de meilleures conditions de travail et faire en sorte que le travail, son organisation, le « management » ne soient pas sources de souffrance. Plus largement, ils et elles continueront également à être force de propositions pour la justice fiscale, sociale et environnementale.
Nous continuerons à nous indigner, et à nous mobiliser pour une société plus juste ! Car comme l’écrivait Stéphane Hessel en 2010 « la pire des attitudes est l’indifférence, dire je n’y peux rien, je me débrouille » et c’est ainsi que nous perdrions « l’une des composantes essentielles qui fait l’humain (…) : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence ».
Compte-rendu
En cours de rédaction.