Depuis le 4 mars, la DGFiP a une nouvelle Directrice Générale. Lors du Comité Social d'Adminstration de Réseau (CSAR) du 5 mars, Solidaires Finances Publiques, dans sa déclaration liminaire, lui rappelle que notre administration est en état d'urgence.

Liminaire

Madame la Directrice générale des Finances Publiques

Alors que les femmes représentent près de 60 % des personnels de la DGFiP, c’est la première fois depuis sa création en 2008 qu’une femme est nommée Directrice Générale de notre administration. Solidaires Finances Publiques s’en félicite d’autant plus dans un contexte où le droit des femmes à disposer de leur corps, notamment à travers le droit à l’avortement est désormais inscrit dans la Constitution. Cette inscription est historique mais pour qu’elle ait tout son sens, il faudrait que les pouvoirs publics donnent des moyens pour la santé reproductive, pour la contraception et l’avortement. Des moyens pour avorter c’est notamment l’arrêt des fermetures des centres d’IVG partout sur le territoire et aussi plus de financement pour les plannings familiaux.

A quelques jours de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, cette nomination vous oblige et sera porteuse, nous l’espérons, d’un message fort pour faire avancer, entre autres, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes à la DGFiP.

Cela étant, Solidaires Finances Publiques ne se contentera pas de la symbolique de votre nomination mais vous jugera sur vos actions quotidiennes envers les personnels et les missions de la DGFiP.

Votre arrivée à la DGFiP fait suite au départ de Jérôme Fournel qui a dû traverser la cour de Bercy pour rejoindre le cabinet du Ministre Bruno Le Maire. Le contexte de ce départ nous interroge. En effet, est-il en lien avec l’affaire du PSG/Neymar ? Nous avions interpellé le Directeur général par courrier pour qu’il fournisse des explications au collectif de la DGFiP profondément marqué par l’affaire Cahuzac. Ce courrier est resté sans réponse à ce jour...

De plus, ce départ est quelque peu surprenant alors que nous étions dans un cadre de négociations sur la reconnaissance de l’engagement des personnels. Négociations pour lesquelles les attentes sont fortes de la part des personnels qui n’ont eu de cesse de tenir notre administration DGFiP malgré les suppressions massives d’emplois, les réformes et restructurations destructrices de notre réseau territorial, des modes de management parfois déroutants, la fragilisation et la dégradation structurelles de nos missions, de nos conditions de travail.

Depuis des décennies, chaque ministre, chaque directeur général laisse son empreinte du sceau de la réduction de la dépense publique. Ainsi la DGFiP a subi l’ASR (l’adaptation des structures au réseau), la géographie revisitée, le nouveau réseau de proximité, réformes qui ont cassé tout ce qui constitue un véritable service public de proximité. Alors que le Gouvernement annonce de nouvelles coupes budgétaires dans les administrations, Solidaires Finances Publiques attend que votre nomination soit synonyme de reconstruction et non de désolation. Notre syndicat profite de cette instance pour porter à nouveau son alerte solennelle pour une DGFiP renforcée, reconnue et réhumanisée au service de l’intérêt général, de la justice fiscale, sociale et environnementale !

Sans vouloir préjuger de ce que seront vos décisions de demain pour la DGFiP, nous constatons que ce gouvernement continue sa politique budgétaire d’austérité avec une fiscalité basée sur le moins disant, en particulier au service des classes les plus riches et non comme un outil de redistribution des richesses alors que les constats sont sans appel : les inégalités explosent, la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté augmente et la dernière campagne de récupération de denrées pour les « Restos du Cœur » en est l'illustration.

Dans le même temps, le nouveau coup de rabot budgétaire de 10 milliards d’euros acté en annulant ou réduisant par décret, les crédits prévus dans la loi de finances 2024, va impacter la politique du logement, l’éducation nationale et la transition écologique alors qu’elles étaient toutes présentées comme des priorités par le Président E. Macron.

Le ministère et la DGFiP ne sont pas épargnés par ces décisions et les engagements pris par un ministre devenu 1er ministre depuis, consistant à redonner du souffle à notre ministère et notre administration, se sont envolés aussi rapidement que son passage.

Madame la Directrice générale, vous arrivez à la tête d’une administration où les pertes de repères frappent tous les acteurs. Les usagers qui, comme l’a démontré l’épisode GMBI, ne comprennent pas ce qui est attendu d’eux et plus globalement estiment que les transferts de charges à leur encontre sont totalement démesurées au regard de leur compréhension d’un système de plus en plus dématérialisé et loin d’eux. Les professionnels sont aussi confrontés à une e-administration qui n’est pas suffisamment à l’écoute de leur besoin de proximité. Les personnels subissent des injonctions contradictoires, voient le service public mis à mal, les chaînes de travail fragmentées, les socles de connaissances émiettés perdant le sens du travail et de leur mission. Ce malaise, ils et elles l’expriment depuis trop longtemps et nous ne pouvons que vous inviter à lire avec attention les bilans et enquêtes relatives au quotidien des personnels, publiées au cours de ces 5 dernières années.

Pour que les missions puissent être correctement réalisées, l’emploi est au cœur du sujet, dans une administration dont l’attractivité faiblit et les départs à la retraite massifs au cours de ces prochaines années.

C’est la raison pour laquelle il devient dans un premier temps urgent d’appeler l’intégralité de la liste complémentaire en attente pour les C stagiaires, soit 955 personnes ce qui permettra de lancer une seule campagne de première affectation des stagiaires. Pour Solidaires Finances Publiques ce qui est possible de faire pour les cadres supérieurs (IP) doit pouvoir se décliner pour l’ensemble des catégories.

Pour terminer sur les C stagiaires de la promotion 2024, nous trouvons anormal de ne jamais avoir eu d’information officielle sur leur début de scolarité !

Concernant toujours le recrutement, alors que la 1er vague 2024 de recrutement par voie de contractualisation est lancée, Solidaires Finances Publiques rappelle son opposition à cette contractualisation qui progresse dans notre administration alors que d’autres choix sont possibles. De plus, nous condamnons la méthode qui s’effectue dans une opacité totale et en dehors des règles légales. Sur ce sujet mais comme sur d’autres nous avions interpellé la DG et nous sommes toujours en attente de réponse.

Enfin toujours sur ce sujet lors de la séance « négociations » nous sommes intervenus sur le respect du volet promotions qui doit favoriser la promotion interne. Nous avons interpellé sur le nombre très conséquent de doubles lauréats qui conduit à ce stade au non respect de l’engagement du ministre en termes de promotions. Nous attendons désormais des décisions permettant de correspondre à l’engagement ministériel.

Avant de conclure cette liminaire et d’aborder les points à l’ordre du jour, Solidaires Finances Publiques souhaite porter des demandes qui sont aujourd’hui sans réponse concernant les outils mis à disposition des organisations syndicales pour exercer pleinement leur action. Tout d’abord il n’est pas acceptable que suite au passage de Nausica à Docade les permanents du siège ne soient pas habilités à accéder à cette documentation dans son intégralité. De plus, il était prévu lors du protocole télétravail ministériel signé en 2021 que soit donné aux organisations syndicales un outil pour organiser des HMI nationales. Aujourd’hui soit 3 ans plus tard, nous sommes toujours en attente. Aussi, il serait souhaitable que ces dispositifs soient enfin disponibles.

Dernier point,  le nouvel outil Sign@lFip qui doit faciliter la rédaction des fiches de signalement par les personnels. Pour Solidaires Finances Publiques la transmission au fil de l´eau des fiches de signalement non anonymisées ainsi qu’une habilitation aux organisations syndicales à l’application, sont indispensables à la bonne prise en charge dans les formations spécialisées.

Madame la Directrice générale, Solidaires Finances Publiques vous souhaite la bienvenue chez nous et vous l’aurez compris, la DGFiP est en état d’urgence, il est temps que des avancées positives soient déclinées.

Notre syndicat Solidaires Finances Publiques est attaché à son administration, ses missions et les personnels qui la composent et sera toujours présent et déterminé pour les défendre