Après avoir déjà attaqué le statut de la fonction publique, le gouvernement s'apprête à mettre en place un dispositif encore plus destructeur pour libéraliser davantage le monde du fonctionnariat : la prime au mérite. C'est une idée lamentable qui promet d'apporter le chaos dans nos services.

Le chaos !

Cette prétendue "prime au mérite" constitue en réalité une grave menace pour nos conditions de travail et notre santé. Le processus de sélection qui sera imposé à nos supérieurs pour déterminer qui mérite cette prime sera complexe, très subjectif et source de conflits. Tout comme pour nos précédentes expériences d'avancements différenciés, tout le monde ne bénéficiera pas de ces primes, tout sera organisé pour créer la concurrence. Il n’y en aura pas pour tout le monde et surtout ce sera pour faire des économies sur le dos des agents et agentes, encore une fois !!! Même si chacun fait du bon travail, il faudra établir des distinctions injustes entre les méritants et les autres, créant ainsi la guerre de chacun contre tous.

Cette prime ne fera que nourrir une compétition malsaine entre les agents et agentes. Au lieu de favoriser la coopération et la solidarité, elle nous poussera à nous battre les uns contre les autres pour une maigre récompense financière. Est-ce vraiment le type d'environnement de travail que nous souhaitons ?

Toutes et tous concurrents !

Apporter des récompenses monétaires tue la motivation liée à une activité qu’on effectue en premier lieu par conscience professionnelle, pour l’intérêt qu’elle représente. De plus, cette course effrénée vers des objectifs individuels risque d'avoir des conséquences néfastes sur nos collectifs de travail. En mettant trop l'accent sur l'individu, cela incitera certains et certaines à prendre des décisions visant à atteindre leurs propres objectifs, souvent au détriment du collectif et du sens de notre mission. Cela nuit à la coopération et à la qualité de notre travail.

En fin de compte, cette approche nous isole au travail. Chaque collègue devient un concurrent, et l'entraide et la résolution des problèmes en équipe deviennent plus rares. Comment développer l’intelligence collective quand chacun est un opposant potentiel ? Et voilà que j’omets de donner une info, je te pique un dossier, je te donne une mauvaise info. Puisque ce qui sera appréciée c’est l’atteinte d’objectifs et que cela aura des conséquences concrètes sur sa fiche de paye on se retrouvera à organiser sa propre réussite au détriment des autres. Ce genre de pratiques déloyales vient installer une ambiance détestable dans les services.

Nous méritons mieux que cela !

La reconnaissance authentique provient de nos collègues et de nos supérieurs lorsqu'ils apprécient et respectent notre contribution au travail bien fait. La rémunération au mérite détourne l'attention de cette reconnaissance véritable.

En tant qu'agents des finances publiques, nous savons que notre travail est essentiel au bon fonctionnement de la société. Nous ne devons pas être réduits à de simples chiffres et à des classements. Nous méritons mieux que cela.

Exigeons un système qui valorise le sens de notre travail, qui reconnaît l'importance de notre utilité, et qui favorise la coopération plutôt que la compétition.

Le 19 mars, pour la journée de grève intersyndicale Fonction publique, rejetons de façon massive cette notion subjective et dangereuse pour la qualité de nos missions. Exigeons une juste et légitime revalorisation de notre rémunération basée sur une augmentation significative du point d’indice, la revalorisation de nos carrières et de notre régime indemnitaire.

Le 19 mars, allons chercher ce qu’ils nous doivent !