SOLIDAIRES FINANCES PUBLIQUES

C’est pour répondre à l’homme le plus riche de France qu’une quinzaine d’activistes d’Attac sont venu·es tôt ce matin devant la Samaritaine, propriété de Bernard Arnault, dans le cadre d’une action symbolique. Muni·es de masque à l’effigie de l’homme le plus riche de France, les activistes ont organisé un « fiscal fitness » et ont déployé une banderole indiquant « Aux ultra-riches de faire des efforts. La population réclame la justice fiscale » !

Au même moment, le syndicat national Solidaires Finances Publiques a organisé une action devant le Medef pour dénoncer le gavage des grandes entreprises aux aides publiques ( 211 milliards par an) et leur refus de participer à la solidarité nationale avec la mise en place d'un budget de justice fiscale, sociale et environnementale.

Les possédants veulent aggraver les injustices et les inégalités

La brutalité et la grossièreté de la réaction de Bernard Arnault au projet d’impôt plancher sur la fortune en dit long sur la façon dont les possédants veulent imposer leur ordre. Pour Bernard Arnault et les « grands patrons », qui ont eu le mérite de naître dans les bonnes familles, le masque tombe : « touchez pas au grisbi » !

Le patron du Medef a annoncé la tenue d’un meeting dont le but est simple : empêcher toute mesure de justice fiscale. La stratégie de com est simple : on ne s’embête pas avec les faits et la vérité, on impose un discours, comme celui sur l’exil fiscal des entrepreneurs par exemple, alors que tous les travaux menés sur le sujet ont montré que son impact économique et social était marginal et que les bienfaits d’une plus grande justice fiscale et sociale sont incomparablement plus élevés. L’offensive anti-justice fiscale est donc lancée. Les grands patrons, le pouvoir, la droite et l’extrême droite sont désormais unis pour défendre l’austérité et l’injustice fiscale et sociale.

Leur discours est le même que celui des conservateurs du 19ᵉ siècle qui, lorsqu’ils s’opposaient à la création d’un impôt progressif sur le revenu, hurlaient au vol, menaçaient d’effondrement de l’économie et prédisaient des heures sombres pour le pays. Il n’en fut rien. L’impôt sur le revenu, les droits de succession et le contrôle fiscal ont été instaurés sans que cela nuise au développement économique, bien au contraire. La plus grande progressivité du système fiscal a réduit les inégalités et permis à l’argent de circuler plus utilement que dans une société de rentiers comme la France est en train de le redevenir sous les assauts des politiques néolibérales.

Le monde qu’ils nous proposent, c’est une poignée de possédants s’enrichissant sans cesse sur le dos des autres, le tout sur une planète de moins en moins vivable.

Un autre budget est vital

Faire contribuer davantage les ultrariches et les multinationales est une nécessité :

  • sociale, car il faut réduire la pauvreté et assurer une protection sociale digne de ce nom à la population,
  • environnementale, car la lutte contre le changement climatique nécessite des moyens financiers,
  • économique, car une société de rentiers est anti-économique, il faut donc y mettre fin pour que l’argent circule utilement, dans un cadre l’orientant vers la satisfaction des besoins,
  • démocratique, car une véritable justice fiscale et sociale renforcera le consentement à l’impôt et contribuera à refaire société.

Nos revendications rencontrent un large écho dans la population et font consensus au sein de nombreuses organisations du mouvement social et syndical :

  • instauration de l’impôt plancher sur la fortune qui assurerait que les ultrariches paient un minimum d’impôt,
  • création d’un véritable impôt sur la fortune avec une assiette plus large que celle de l’ancien impôt de solidarité sur la fortune,
  • révision et renforcement des droits de donation et de succession, notamment par le plafonnement du « pacte Dutreil »,
  • révision des niches, fiscales et sociales, notamment de celles dont bénéficient les entreprises et qui constituent la majorité des aides publiques aux entreprises,
  • conditionnalité des aides aux entreprises,
  • fin du prélèvement forfaitaire unique afin que l’ensemble des revenus soit imposé à égalité, au barème progressif de l’impôt sur le revenu,
  • arrêt de la baisse des impôts de production et instauration d’une progressivité à l’impôt sur les sociétés, ce qui permettrait par exemple de mieux taxer les superprofits,
  • renforcement de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales : moyens humains mais aussi législatifs, avec une taxe unitaire notamment.