Ce CTR est le 1er de l’année 2021 et malheureusement il se tient sous une forme particulière en respect des mesures sanitaires. Sur ce point notre organisation syndicale veille à leur mise en application effective afin de protéger les personnels mais aussi les usagers et les usagères de notre service public.

Liminaire

Ce CTR se tient à la suite de l’intervention du 1er Ministre J. Castex au cours de laquelle il a appelé à la responsabilité collective et individuelle pour le respect des modalités du couvre feu quelques peu renforcées. A ce titre, il a annoncé la fermeture de nos frontières et le renforcement des contrôles, espérant ainsi limiter la propagation du virus et de ses variants. Notre syndicat ne se prononcera pas sur la légitimité ou non de ces décisions car nous n’avons ni les compétences scientifiques, ni médicales pour le faire utilement. Toutefois, nous ne pouvons que constater que si le 1er confinement, certes strict, avait pour objectif de protéger la population mais aussi soulager le personnel soignant, il semble que ce 2nd axe s’appuie sur des considérations politiques quelques peu différentes.
Après un an de crise, ce gouvernement n’a tiré aucun enseignement des politiques successives qui ont cassé le Service public sur l’autel de la rigueur budgétaire et de l’ouverture à la concurrence de certains d’entre eux. Pour notre organisation, c’est bien ces choix politiques qui ont amené à une gestion de crise chaotique rythmée par la politique du manque : manque de masques, manque de lits en réanimation, manque de moyens pour la recherche médicale, et maintenant manque de vaccins.
Cette accumulation de manques entraîne une crise sans précédent en termes économique et social. La population souffre de l’absence de perspectives dans tous les secteurs, les entreprises fermées pour raisons sanitaires souffrent, la jeunesse souffre, les familles souffrent notamment au regard de leurs ainé.es, les salarié.es souffrent. Certes, l’État assure un soutien, sur le plan financier, à l’activité économique avec les aides et les prêts accordés aux entreprises et le financement du chômage partiel. Mais ce n’est probablement qu’une parenthèse, le gouvernement annonce d’ores et déjà que dans l’après crise, si ce temps arrive, il reprendra sans complexe ses orientations politiques telles que la réforme du financement de la retraite, la réforme de l’assurance chômage et il poursuivra sa politique de rigueur, la motivant par le niveau d’endettement inégalé de notre pays. Cet enfermement dans les vieilles certitudes est réel et nous avons à la DGFiP pu le mesurer par la reprise décomplexée du NRP et par le refus de toute pause des réformes engagées.

Globalement si ces choix se confirment, ils entraîneront un accroissement des inégalités déjà bien réelles dans notre pays, comme le relate OXFAM dans son dernier rapport. Il y est indiqué que les 10 plus grosses fortunes ont continué de s’enrichir alors que la pauvreté augmente pour le reste de la population. En clair, cette crise leur profite pleinement !
Pour Solidaires Finances Publiques, d’autres choix sont possibles. Construire un autre monde basé sur une meilleure répartition des richesses avec une fiscalité redistributive est une urgence économique, sociale et environnementale. C’est pourquoi, Solidaires Finances Publiques combattra toutes les politiques qui privilégient un petit nombre au détriment d’une majorité, et qui répondent ainsi au dogme néo-libéral. D’ailleurs, notre organisation appelle les personnels à se mobiliser et à se mettre en grève le 4 février prochain, pour défendre le Service Public, l’emploi et combattre la précarité.
Du coté DGFiP, nous ne pouvons contester que l’administration agit pour respecter les mesures sanitaires en développant notamment l’accès au télétravail. Cependant, cet objectif n’est pas à la hauteur des moyens. En effet, si les commandes d’équipements se poursuivent, la déclinaison est encore en-dessous du seuil des objectifs avec des disparités flagrantes entre les directions nationales et les directions territoriales. Si nous savons que toutes les missions ne sont pas télétravaillables, il n’en demeure pas moins que des agent.es sont toujours en attente. Solidaires Finances Publiques exige que les demandes des agentes et des agents soient entendues et la détresse de certains télétravailleurs et télétravailleuses depuis le mois de mars 2020 doit être prise en compte. C’est pourquoi notre organisation porte le respect du volontariat dans le domaine du télétravail et exige des mesures de dédommagement pour les personnels concernés.
Tout comme le gouvernement, la DGFiP n’a pas répondu positivement à la demande intersyndicale de suspendre a minima les réformes multiples qui touchent l’organisation des missions, des structures et par voie de conséquences la vie professionnelle et personnelle du collectif DGFiP. L’argument présenté par la Direction générale pour maintenir coûte que coûte son calendrier des réformes est de donner de la visibilité. Cet argument dans la vraie vie n’est pas recevable ! Le constat est tout autre ! Nombre de nos collègues nous interrogent, les services RH locaux n’ayant pas toujours les moyens de répondre, sur les règles applicables en cas de fermetures de sites, de transferts de missions, d’indemnisation…
Comment pouvez-vous donner de la visibilité aux agentes et aux agents des SIE, des PCE, PCRP, Brigades de vérifications qui sont actuellement dans la gestion du fonds national de solidarité et la nécessaire adaptation quotidienne pour répondre aux sollicitations nombreuses d’entreprises en difficultés pour ne pas dire pour certaines en détresse ?
Ainsi il semble que la visibilité ne soit pas au rendez-vous et que votre seul objectif est de répondre à la commande politique.

Cette situation n’est pas sans conséquence sur la dégradation des conditions de travail de nos collègues et leur santé s’en trouve atteinte. Ces éléments seront abordés dans la partie bilan social dédié. Mais il faut bien comprendre que cette volonté de notre administration d’avancer coûte que coûte engendre à la fois des difficultés sur la qualité du service rendu aux usagers et aux usagères mais également sur la santé des agentes  et des agents qui les rendent. De plus, cette année encore le volume très important d’heures écrétées démontre l’importance des charges de travail, le manque de personnel et l’engagement des agents et des agentes qui va parfois jusqu’au renoncement , les 411 485 heures écrétées le démontrent !

Votre choix de ne pas répondre à la demande unanime des organisations syndicales est lourde de conséquences pour la Maison DGFiP, le risque de fracture entre les décideurs et les exécutants est élevé et vous ne pouvez pas dire que nous ne vous avions pas prévenu.
Solidaires Finances Publiques tient dans ces propos liminaires à faire un focus sur la formation dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire qui perdure.
La formation, qu'elle soit initiale ou en cours de carrière est impactée de plein fouet par la crise sanitaire du Covid19. Depuis maintenant 1 an, de nombreux stagiaires n'ont pas suivi une seule formation présentielle, nous pensons à 2 sessions complètes d'agent.es de catégorie C et à tous les stagiaires vulnérables des promotions 2020/2021 de catégories A et B. De nombreuses formations en cours de carrière, au mieux se sont déroulées en distanciel, mais ont parfois été repoussées à une date indéterminée…
Nous n'avons de cesse de demander de l'anticipation à l'ENFiP en matière de gestion des formations et de communiquer auprès de ses équipes enseignantes, administratives et stagiaires. Car, si nous supposons que l'ENFiP y travaille, l'absence complète de transparence, de communication et d'interaction directe entre le siège et les équipes pédagogiques, favorise le climat anxiogène et discrédite les arbitrages et travaux menés par les équipes du siège. Or, si nous avons salué la réactivité de l'ENFiP au moment de la gestion de la crise, aujourd'hui nous constatons qu'elle se retranche sans cesse derrière les futures annonces de la DGAFP qui, elle-même attend les préconisations gouvernementales. Vous devez le savoir, la résilience de la formation initiale et en cours de carrière est essentiellement due à l'investissement sans faille des acteurs et actrices de la formation : les équipes administratives et pédagogiques locales.
De manière pragmatique et en lien avec la crise sanitaire, Solidaires Finances Publiques demande qu’un dispositif de rattrapage pédagogique soit mis en place, constitué de modules de formation complémentaires permettant à tous les stagiaires formés en mode Covid de disposer au bout du cycle de rattrapage du niveau de connaissance qui aurait du être le leur s'ils avaient suivi un cycle normal de formation. Ce dispositif doit être mis en place sous forme de formations présentielles dispensées au cours d'une période ne devant pas excéder 2 années. Bien entendu ce cursus doit être différencié du passeport formation et donc considéré comme de la formation initiale et statutaire.

Aujourd'hui, d'autres administrations ont déjà porté des choix, certes pas évidents, mais, permettant aux stagiaires, aux équipes enseignantes et administratives, de se projeter dans un avenir à un peu plus de 2 semaines… Dès lors, nous vous demandons de prendre toute la mesure de l'absence de projection et de mieux communiquer, de façon plus transparente, afin de permettre à tous les agents et agentes de se projeter et de résoudre les problématiques logistiques qui se posent et qui « parasitent » leur concentration.
Concernant la formation initiale actuelle, nous restons fermes sur nos positions, à savoir que vous avez commis une erreur majeure en réduisant la durée et les contenus pédagogiques de celles-ci. Ceci fragilise les parcours de carrière des agent.es, leur immersion dans le monde DGFiP, leur intégration sur le premier poste,... Cette erreur qui a largement été guidée par le niveau fonction publique se fait déjà ressentir partout, et nous sommes en droit de craindre, comme dans le secteur de l'éducation nationale ou de la police, que les coups de rabots portés à certains enseignements professionnels essentiels au moment de la formation statutaire, que se soit au niveau métier, équipe de travail, sens du service public, déontologie, etc. feront par la suite grandement défaut tant pour les agent.es eux même que pour les collectifs de travail, le service public, … Il est donc nécessaire de repenser et de redonner à la formation statutaire la place qui lui revient !

Nous reviendrons plus en détail sur le sujet dans le cadre de nos échanges lors de ce CTR mais un mot de propos liminaire sur les concours. Le Conseil commun de la fonction publique va examiner le 5 février un projet d'ordonnance modifiant à titre dérogatoire les modalités d'organisation des examens et concours pendant la crise sanitaire née de l'épidémie de Covid 19. Nous ne doutons pas de la mise en oeuvre des dispositions prévues à ce titre. C'est pourquoi nous souhaitons dès à présent avoir connaissance des mesures qui sont envisagées par la DGFiP pour protéger les candidat.es et les membres de jury ainsi que les organisateurs contre les risques de propagation de la covid 19. Pour Solidaires Finances Publiques, les dispositions DGFiP doivent pleinement répondre à cet objectif mais également aux principes d'égalité de traitement des candidat.es. La future ordonnance va probablement permettre aux administrations de déroger aux dispositions selon lequel les listes complémentaires deviennent caduques en début des épreuves du concours suivant. Nous demandons que cette possibilité soit appliquée. Enfin, Solidaires Finances Publiques demande à ce que les PV des jurys, fassent systématiquement état des mesures dérogatoires ayant été appliquées. 

Pour ce 1er CTR, Solidaires Finances Publiques fait le vœu que les débats contradictoires que nous aurons autour du bilan social, de la formation professionnelle, du plan égalité femmes-hommes, de la question du télétravail, de la réorganisation du SSI, servent à faire avancer la DGFIP sur la bonne voie, mais pour cela il est nécessaire que vous entendiez les revendications que nous portons. Pour notre organisation syndicale, vous ne pouvez vous contentez d’un autosatisfecit et vous devez répondre aux attentes plus que légitimes des personnels qui ont fait preuve d’adaptabilité depuis de nombreuses années sans avoir en retour aucune reconnaissance. Votre allocution filmée remerciant les personnels de leur engagement et leur investissement est loin d’être suffisante pour redonner du crédit à votre engagement au service de la DGFiP et de ses agentes et agents.

2nd propos liminaires à la reprise des travaux 9 février 2021

Avant de reprendre nos travaux suspendus, Solidaires Finances Publiques ne peut passer sous silence le recrutement de 250 contractuel.les pour venir renforcer la DGFiP sur la gestion du Fonds de Solidarité. Cette annonce que vous nous avez faite en CTR lundi dernier après l'annonce de B Lemaire sur les ondes est méprisante à plus d'un titre :

  • méprisante pour les collègues au regard de la situation des services qui sont déjà sous la ligne de flottaison bien avant la mise en place du fonds et la décision maintenue malgré tout de 1800 suppressions de
    postes supplémentaires pour 2021
  • méprisante au regard de la technicité requise et acquise par les personnels qui ne voient aucune reconnaissance de leur engagement via un plan de promotion ambitieux et ce n’est pas l'annonce de Ministre Bruno Lemaire d'augmenter de +1 % les taux de promotion qui sera de nature à répondre aux légitimes attentes,
  • méprisante pour l'image de la DGFiP et par conséquent de ses agent.e.s, tant il est difficile de croire que des recrutements effectués en une dizaine de jours sur un site de vente en ligne, sous forme de CDD pour deux mois au maximum, permettront aux candidat.e.s sélectionné.e.s d'acquérir en si peu de temps la compétence nécessaire pour apporter le niveau de service requis dans le domaine complexe et technique de l’aide aux usagers en difficultés.
  • méprisante enfin pour ces contractuel.es qui seront utilisé.es de façon précaire

Au-delà du fond que nous condamnons, pour ce qui est de la forme, nous ne commenterons pas les petites annonces passées par certaines directions sur la plateforme « le bon coin » pour recruter ces derniers alors qu'il nous semble qu'il existe encore un service public de l'emploi « Pôle emploi » tout comme la nature et la durée des recrutements qui ne seront qu'un pansement sur une jambe de bois. Nous voudrions avoir le détail des recrutements : catégorie des emplois et les directions concernées.

De plus Solidaires Finances Publiques aimerait remonter sur la question des emplois et son traitement à la DGFiP. En effet les comités techniques locaux et centraux se sont tenus pour décliner les suppressions d'emploi dans chaque direction. Au-delà de la suppression des postes, déjà particulièrement "violente" en elle-même pour chaque agent.e visé.e, nous dénonçons la méthode mise en œuvre pour l'annoncer aux collègues concernés,souvent anxiogène et méprisante : annonce tardive, faite à l'agent.e seul.e face à sa hiérarchie ...
Nous rappelons le devoir de transparence et de considération humaine dû a minima par l'employeur DGFiP en cas de suppressions de postes, à tous les niveaux.
Ce sont des domaines dans lesquels la DG elle-même devrait pour le coup être exemplaire et ne l'est même pas.
N'oublions pas que derrière les chiffres de loi de finances, les agent.e.s de la DGFiP sont des femmes et des hommes qui exercent leurs missions avec une grande conscience professionnelle, et qui à ce titre méritent du respect et de la reconnaissance.

Nous profitons d'ailleurs de cette intervention pour rappeler que cette exigence de respect et de reconnaissance vaut pour TOUTES et TOUS les agent.e.s de la DGFIP dans leur quotidien et à toutes les étapes de leur vie professionnelle, à tous les niveaux, y compris dans le cadre de possibilités de promotion comme l'élaboration des Listes d'Aptitude, ou encore dans l'écoute de l'encadrement de proximité aujourd'hui souvent fortement mis à contribution pour maintenir « en
vie » des équipes dégradées et démotivées.